(…) Les dessins de F. K. ont quelque chose de sec, d’aride parfois dans leur frontalité brute, dans les silhouettes dures qu’ils assènent. La ponctuation qu’ils dressent les fait ressembler un peu à des caractères frappés ; de ceux que l’on trouve de plus en plus rarement sur les tables à casiers d’un typographe ou sur les tipons et emporte-pièce des tapissiers. C’est que la noirceur du crayon ou de l’encre s’inscrit sur la clarté du papier en un motif compact quoique réservé par endroit et modulé dans ses ombres, si bien qu’on en viendra à parler de silhouettes mêlées, de motifs, presque d’idéogrammes ; et dans leurs confusions végétales, anthropomorphes ou géométriques, rêveuses ou construites, de chimères. Mais voilà, aussitôt recensées les parties, observées les textures et jugé de l’ensemble, le sentiment bascule. Les certitudes faseyent, avec notre aplomb, et offrent à voir un monde autre. Le dessin vous happe. On en vient à cette étrange sensation que dans votre regard, c’est l’image qui vous fixe, muettement. (…)
Jérémy Liron
(…) Cette œuvre a quelque chose de théâtral car elle s’épanouit dans un espace au gré du temps que lui confère le visiteur pour l’arpenter, sans que s’impose un déjà là, comme le laissent présager les termes d’apparition et de révélation. Ainsi les mots et les objets acquièrent seulement par nous et pour nous une intensité qui attire toute notre attention. La mise en scène nous permet de témoigner de notre capacité à inventer des mondes communs, car c’est bien par ce processus de construction socialement organisé que nous pouvons nous reconnaître comme participants de la même société. Ce sont ces inventions, ces mouvements, ces glissements, ces rythmes qui font qu’il y a quelque chose plutôt que rien.
Denis Cerclet