Laura Labri Laborie – Philippe Domergue
Exposition du 5 au 28 juin 2025

Laura Labri Laborie
(…) son art appartient à cet art contemporain tel qu’on le voit évoluer depuis trois décennies environ, non plus selon une logique linéaire de ruptures par rapport à des normes, mais plutôt selon une logique d’élargissement qui intègre aussi bien des démarches dans la continuité de l’abstraction ou du dadaïsme et de toutes formes possibles de figuration, que des productions vernaculaires venues de tous les horizons, à la lisière parfois d’un art rituel ou d’un artisanat, de l’Art Brut ou outsider. Bref, Laura Labri Laborie fait usage de terre, de végétaux, d’os et de laine, et de matériaux de rebut, et accomplit des gestes — amalgamer, emmailloter, ligaturer — qui apparentent son art à certaines formes d’Art Brut ou à des pratiques primitives, comme d’autres assemblent des objets ready-made qui répondent à ceux de Marcel Duchamp, comme d’autres encore manient les pinceaux qui les font dialoguer avec tels peintres de l’histoire ancienne ou récente. Ce ne sont pas leurs outils ni leur rapport à une tradition qui distinguent ces artistes, tous appartiennent à « l’art contemporain », ce qui fait la différence est leur attitude morale et intellectuelle en regard de l’art : interrogation néo-conceptuelle sur les notions même d’art et de mimesis, ou inscription singulière d’une vision à l’intérieur de la plus ancienne tradition spéculaire, ou confrontation, comme dans le cas de Laura Labri Laborie, d’une subjectivité avec la réalité la plus immédiate, la plus élémentaire, telle que la nature l’offre à l’homme depuis la nuit des temps. Une œuvre comme la sienne scelle cette transformation profonde de l’art dans notre société. (…)
Du limon de la terre, Catherine MILLET
Philippe Domergue
Entre photographie, collage et installation, Philippe Domergue artiste-témoin (Paul Ardenne) questionne des figures intemporelles comme celle de l’exilé, de l’interné ou de l’arbre (à la fois victime et solution dans la crise écologique). Domergue pense l’image avec les mains, la travaille comme un agriculteur sa parcelle, à mi-chemin entre pensée critique et gestes ancestraux de l’artisan ou du jardinier (découpes, assemblages, hybridations).
Il travaille en immersion sur des sites naturels ou bâtis et dans son atelier, un ancien domaine agricole qu’il a artialisé et qui est devenu une véritable hétérotopie foucaldienne.
Eric Villagordo
